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Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/71

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l’homme que le peuple entier d’Illa avait acclamé — je fus ramené sur les terrasses... Les femmes et les enfants, les hommes et les vieillards me virent passer, enchaîné comme un homme-singe qui s’évade des mines. Mais me reconnurent-ils seulement ?

Je sus bientôt où l’on me menait en arrivant devant l’ascenseur blindé, celui qui conduisait aux oubliettes. Nous y prîmes place avec Grosé et les miliciens. Je compris que Grosé avait des ordres — que tout avait été arrêté d’avance. A quoi bon me plaindre ? A quoi bon demander des explications ? Je sentais que tout serait inutile.

L’homme-singe chargé de manœuvrer l’ascenseur pressa une manette avec la main terminant sa jambe gauche. Car les hommes-singes, à la suite d’une longue sélection, possédaient quatre mains, comme les chimpanzés, ce qui permettait d’obtenir d’eux une plus grande somme de travail...

Assis sur une banquette, je regardais la brute. Un grossier caleçon de toile métallique lui ceignait les reins et constituait son unique vêtement.

Debout, légèrement courbé, il ricanait, une chique gonflant sa joue. Un jus noirâtre suintait entre ses lèvres lippues, et son petit œil