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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/105

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quante mètres de hauteur, est de même formation que celui de Phrâbat, mais d’un aspect différent, quoique aussi grandiose. Ici, ce n’est plus cet amas de blocs rompus, superposés, comme si des géants les avaient bouleversés en se livrant un combat pareil à ceux dont parle la Fable ; Patawi semble composé d’un seul bloc, d’une immense roche, qui s’élève presque perpendiculairement comme une muraille, à l’exception de la portion du milieu, qui, du côté sud, surplombe et s’avance de six à sept mètres sur la vallée, qu’on domine comme du haut d’un balcon. Au premier coup d’œil, on reconnaît l’action de l’eau sur un sol qui n’était primitivement que de l’argile.

Il y a beaucoup d’empreintes semblables il celles de Phrâbat, et en plusieurs endroits des troncs entiers d’arbres couchés sur le sol et pétrifiés à côté d’arbres existants et pareils ; on dirait que la hache vient seulement de les abattre, et ce n’est qu’en essayant leur dureté avec le marteau que l’on peut s’assurer de leur état actuel. Après avoir franchi plusieurs larges degrés en pierre, je trouvai à main gauche la pagode et à droite l’habitation des talapoins, qui, au nombre de trois, un supérieur et deux hommes pour le servir, gardent et honorent les précieux rayons de Somanakodom. Les auteurs qui ont écrit sur le bouddhisme ignorent-ils la signification du mot « rayons » employé par les sectateurs de Bouddha ? Or, en siamois, le même mot qui signifie « rayon », veut dire également « ombre » ; et c’est par respect pour leur divinité que la première acception est généralement reçue.