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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/203

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On pourrait, dire que ces peuplades sont tout à fait indépendantes ; cependant les Cambodgiens d’un côté, les Laotiens et les Annamites de l’autre, en tirent ce qu’ils peuvent et prélèvent arbitrairement, sur les villages rapprochés d’eux, un tribut qui se paye tous les trois ans, et consiste en cire et en riz. Le roi de Cambodge surtout a fort envie de faire aux Stiêngs ce qu’il fit aux Thiâmes, afin de peupler quelques-unes de ses provinces désertes.

Le ternaire inscrit sur nos édifices publics en 1848 est ici, nonobstant l’esclavage, la devise du Stiêng, et il la met en pratique. Nous nous servons des mots, eux font usage du fait. Quand il y a abondance chez l’un, tout le village en jouit ; mais aussi, quand il y a famine, ce qui est souvent le cas, ce qu’il n’y a pas chez l’un, on est sûr de ne pas le trouver chez l’autre.

Ils travaillent le fer admirablement, ainsi que l’ivoire. Quelques tribus du nord sont renommées, même dans l’Annam, pour la fabrication de leurs sabres et de leurs haches. Les vases dont ils se servent sont grossiers ; mais ils les doivent à leur industrie, et leurs femmes tissent et teignent toutes les longues écharpes dont ils se couvrent.

Enfin, outre la culture du riz, du maïs et du tabac, ainsi que des légumes, comme les courges et les pastèques, etc., ils s’adonnent à celle des arbres fruitiers tels que bananiers, manguiers et orangers. Hormis quelques esclaves, chaque individu a son champ, toujours à une assez grande distance du village, et entretenu avec beaucoup de soin. C’est sur ce champ que, blotti dans une petite case élevée