Aller au contenu

Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

européens dont les maisons sont bâties sur les rives du fleuve, et qui, de leurs balcons couverts (varandas), nous envoyaient leurs salutations de la voix et du geste ; trois jours après notre départ de Bangkok, nous étions à Petchabury.

Le roi devait y arriver le même jour pour visiter le palais qu’il a fait construire au sommet d’un mont voisin de la ville ; le Khrôme Luang, le Kalahom, ou premier ministre, et une grande suite d’autres mandarins l’y avaient déjà devancé. En nous voyant arriver, le Khrôme Luang, qui se trouvait dans une jolie petite habitation qu’il possède en ce lieu, nous appela. Dès que nous eûmes échanger notre tenue négligée contre une plus présentable, nous nous rendîmes près du prince, et nous causâmes avec Son Altesse jusqu’à l’heure du déjeuner. C’est un excellent homme, et de tous les dignitaires du pays celui qui témoigne le moins de hauteur et de réserve aux Européens. Pour la culture de l’esprit, ce prince et ses frères, les deux souverains, sont très-avancés, surtout si l’on considère l’état de barbarie dans lequel ce pays a été tenu depuis si longtemps ; mais quant aux manières, ils ne diffèrent que peu de la « vile multitude ».

Je fis chez lui la connaissance d’un noble et savant Siamois, Kum-Mote, qui n’est inférieur à aucun homme de sa nation par l’esprit d’érudition et le caractère.

Notre première promenade fut pour le mont le plus rapproché de la ville, et au sommet duquel se trouve le palais du roi. De loin, l’apparence de cette construction, d’architecture européenne, est charmante,