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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/339

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nettes montées en écaille, un flacon d’essence, une bouteille de cognac et une autre d’eau sédative que je lui préparai, sur ses instances, pour obtenir quelque remède souverain contre ses douleurs rhumatismales. Heureux Raspail ! dont le « système » va soulager les souffrances humaines jusqu’au fond des provinces les plus reculées de l’Asie. En retour, le mandarin promit de me donner un poney quand je partirais pour Kôrat, puis différentes choses très-utiles, dit-il ; toutefois, il a le loisir d’oublier sa promesse, car ici il est d’usage qu’un riche peut tout accepter, même des plus pauvres ; quant à donner, c’est plus rare. Du reste, de quoi vivraient ces mandarins, siée n’était de concussions et de la générosité de leurs administrés, car avec leurs honoraires seulement, quand ils en ont, ils seraient condamnés à une maigreur qui causerait leur désespoir en les faisant passer pour des hommes ineptes.

Les malheureux ne touchent qu’une fois l’an leurs appointements, dont voici le tarif :

Les princes et les ministres ont droit annuellement à vingt livres siamoises d’argent, égalant 7,000 francs.

Les mandarins de la première à la troisième classe à une somme variant de 3,600 à 500 francs.

Ceux de quatrième et de cinquième classe à une solde descendant de 360 à 180 francs. Les employés inférieurs ne reçoivent que 120 ou même 50 francs, et enfin les soldats, les satellites, les médecins, les ouvriers, etc., sont payés à raison de 30 à 36 francs. Autant, ni plus ni moins, que l’impôt réclamé au plus infime Siamois. La distribution de ces magnifiques