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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/342

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lent qu’aucun de ceux que j’avais encore eus depuis que je parcours ce pays, et j’ai cru un instant, être atteint de la fièvre, si redoutée pendant la saison des pluies dans tout le voisinage de la terrible Dong-Phya-Phaye ; mais il provenait de l’ardeur du soleil, auquel j’étais resté exposé toute la journée, et il s’est dissipé après une nuit passée au grand air sur l’avant de la barque ; le lendemain, j’étais, comme d’habitude, frais et dispos.

On me fait espérer pour demain le plaisir de voir Khao-Khoc ; je n’en serais pas fâché ; notre petite barque est tellement encombrée par mon bagage et celui de tant d’hommes, que j’y subis la torture d’une véritable incarcération, forcé que je suis, de garder les positions les plus gênantes. Ces douze jours de lente navigation m’ont déjà cruellement fatigué.

En outre, l’air qu’on respire ici est humide, malsain et d’une pesanteur extrême ; intérieurement on a froid, on est saisi de frissons, tandis que la tête brûle et que le corps ruisselle de sueur.

Après quatre journées d’une fatigue excessive, nous entrions hier soir dans une gorge creusée par la rivière qui, même à cette époque, n’a pas plus de quatre-vingt-dix mètres de largeur, lorsqu’une pluie torrentielle vint subitement fondre sur nous et nous contraignit à nous arrêter et à chercher un abri sous notre toit de feuilles.

La pluie dura toute la nuit, nuit affreuse pour mes pauvres hommes qui, m’ayant cédé l’avant, se trouvaient entassés à l’intérieur, et gémissaient sans pouvoir goûter un seul instant de sommeil après