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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/398

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Parvenu à seize cents kilomètres au moins dé l’embouchure du Mékong, je puis constater, par la masse énorme d’eau qu’il roule à travers les contreforts des grandes chaînes sur lesquelles s’appuie la péninsule indo-chinoise, que ce fleuve, loin de prendre ses sources sur leur versant méridional comme l’Irrawady, le Saluen et le Ménam, vient de fort au-delà et sans doute des hauts plateaux du Thibet. Me sera-t-il donné de faire plus ?

L’habillement des Laotiens de ces montagnes diffère peu de celui des Siamois ; les gens du peuple portent le langouti et une petite veste en coton rouge, et souvent point du tout. Hommes et femmes vont nu-pieds. Ils sont coiffés comme les Siamois. Les femmes sont généralement mieux que celles de ce dernier pays. Elles portent une seule et courte jupe de coton et parfois un morceau d’étoffe de soie sur la poitrine. Elles nouent leurs cheveux noirs en torchon derrière la tête. Les petites filles sont souvent fort gentilles, avec de petites figures chiffonnées et éveillées ; mais, avant qu’elles aient atteint l’âge de dix-huit ou vingt ans, leurs traits s’élargissent, leur corps se charge d’embonpoint ; à trente-cinq ans, ce sont de vraies sorcières, presque toutes affectées de goîtres, comme les femmes du Valais et des Grisons. Quant aux hommes, qui sont pour la plupart exempts de cette infirmité, j’ai remarqué parmi eux un grand nombre d’individus bâtis comme des athlètes et d’une force herculéenne. Quel beau régiment de grenadiers le roi de Siam pourrait recruter dans ces montagnes.

En somme, toute cette population, hommes, femmes