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Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/75

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gouverneur, sorte de commissaire royal, et quelques officiers en sous-ordre.

Le roi vient généralement passer huit ou quinze jours chaque année dans la capitale de ses ancêtres. Il y possède un palais construit sur une des rives du fleuve, sur l’emplacement de l’ancienne habitation de ses pères ; mais cet édifice, construit en bambou et en bois de teck, a peu l’aspect d’une résidence royale.

La plupart des principaux marchands de Bangkok ont à Ajuthia des maisons qui leur servent à la fois de magasin et de pied-à-terre ; ils viennent s’y reposer une semaine ou deux pendant les chaleurs. Les seuls restes visibles de l’antique cité sont un grand nombre de wats ou temples plus ou moins ruinés. Ils occupent une surface de plusieurs milles d’étendue et sont cachés par les arbres qui ont poussé tout alentour. Comme la beauté d’un temple siamois ne consiste pas dans son architecture, mais bien dans la quantité d’arabesques qui recouvrent ses murs de brique et de stuc, il cède bientôt à l’action du temps et devient, s’il est négligé, un amas informe de bois et de briques recouvert de toutes sortes de plantes parasites. Il en est ainsi des monuments d’Ajuthia. Un monceau de briques et de terre, que surmontent encore quelques sommets, marque la place où, jadis, des milliers de croyants sont venus se prosterner devant l’autel de Bouddha. Les angles de, cet immense quadrilatère de décombres, dont j’ai suivi en tous sens, mais non sans peine, les murailles bouleversées et frangées de broussailles, sont encore indiqués par des dômes ébréchés et des pyramides