Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque chose qui vous rappelait une table de logarithmes ; et, quoique l’ensemble de son extérieur ne fût ni désagréable, ni répulsif, on ne pouvait s’empêcher de penser que son grand nez maigre s’ennuyait sur un visage où il se passait si peu de choses.

Poliment, il offrit la main à une dame pour l’aider à descendre, et lorsque celle-ci eut pris un petit blondin, de deux à trois ans, des mains d’un monsieur qui se trouvait encore dans la voiture, ils entrèrent dans la tente. Après cela, le dit monsieur se tira lui-même d’affaire, et toute personne, connaissant les us et coutumes de Java se serait étonnée de le voir se tenir à la portière pour offrir ses services à une vieille bonne d’enfants javanaise. Trois domestiques se déboîtèrent eux-mêmes du petit coffre de toile cirée, collé sur le derrière de la voiture, comme une jeune huître sur une vieille coquille-mère.

Le monsieur qui était descendu le premier tendit la main au Prince-Régent et au contrôleur Dipanon, qui la serrèrent respectueusement. Leur attitude indiquait qu’ils se sentaient en présence d’un personnage considérable. C’était le préfet de Bantam, vaste territoire, dont Lebac est une sous-préfecture, une régence ou sous-résidence — style officiel.

En fait de fictions, le peu de respect des auteurs pour le goût du public m’a souvent choqué ; surtout lorsqu’ils veulent donner quelque chose de comique ou de burlesque, pour ne pas parler d’humour, don inappréciable, au-dessus du comique. Ils mettent en scène un individu qui ne comprend pas la langue, ou, du moins, la prononce mal ; par exemple, ils font dire à un Hollandais : ce sjen est à sa chenne au cheine sous le sjel, ou : foulez-fous ? À défaut d’un Hollandais on prend un bègue, ou l’on crée le