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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/115

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pays de Tjikan et de Balang, ils ont l’air très content, et dans la régence des Lampongs, les insurgés ne se plaignent pas non plus.

Je me recommande instamment à votre coopération, monsieur Dipanon. Le Prince-Régent est fort âgé… Ainsi, c’est à nous de… Est-ce que son gendre est toujours chef du district ? Tout bien considéré, je le regarde comme digne d’une certaine indulgence… Je parle du Prince-Régent… Je me réjouis de savoir, qu’ici, tout soit dans un état si pauvre et si arrièré… J’espère y rester long-temps.

Sur ce, il tendit la main à Dipanon, et retourna avec lui vers la table où se tenaient assis le préfet et le Prince-Régent.

Ce dernier, qui causait avec Madame Havelaar, sentait mieux, depuis cinq minutes, que ce Havelaar n’était pas aussi fou que le commandant venait de le prétendre.

Dipanon, de son côté n’était pas dépourvu d’intelligence. Il connaissait le district de Lebac, autant qu’il était possible à un fonctionnaire de connaître une si vaste contrée, sans le secours d’une presse périodique. Il commença donc à comprendre que les demandes de Havelaar n’étaient incohérentes qu’en apparence. De prime abord, le nouveau sous-préfet venait de lui prouver, que sans avoir mis le pied dans le district, il en savait long sur ce qui s’y passait. Bien qu’il ne se rendît pas compte de la joie que pouvait lui causer la pauvreté du district, de Lebac, bien qu’il crût tout d’abord s’être mépris en entendant Havelaar revenir sur ce sujet et répéter l’expression de ce même sentiment, il finit par deviner tout ce que cette satisfaction contenait de grandeur et de noblesse.