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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/117

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— Fussent-ils dix, en se serrant un peu… Si nous sommes gênés, ils le seront aussi, voilà tout.

— Une… grande… charge… et… elle… est…

— Mais, monsieur le préfet !… une femme, dans sa position, ne peut pas se mettre en voyage !…

La conversation, roulant sur madame Sloterin, fut interrompue par un choc formidable. C’était la voiture qui sortait du bourbier. Chacun des voyageurs poussa le : hé ! d’usage, en cette occasion ; Max, lancé en l’air par la secousse, retrouva dans la robe de sa mère les bananes qu’il avait laissé échapper, et l’on avait déjà fait une grande partie du chemin séparant le bourbier de la mare boueuse, sa voisine, sans que le préfet se fût décidé, à terminer sa phrase, en y ajoutant ces trois mots :

— Une… femme… indigène !…

— Oh ! cela m’est tout-à-fait égal ! repliqua madame Havelaar.

Le préfet baissa la tête, en signe d’assentiment, et vu la difficulté qu’il apportait dans ses explications, l’entretien fut interrompu.

Cette madame Sloterin était depuis deux mois veuve du prédécesseur de Havelaar. Dipanon, à sa mort, se vit chargé de l’intérim de la sous-préfecture. Il était donc en droit d’occuper momentanément la spacieuse demeure, qui, à Rangkas-Betoung, ainsi que dans les autres districts, est construite par l’État, pour le chef de l’administration locale, mais il ne le fit pas, d’abord, par la crainte de devoir trop vite en déloger, ensuite pour en laisser l’usage à cette Dame et à ses enfants. Il y aurait eu pourtant de la place pour lui. Outre la demeure, assez vaste du sous-préfet, sur la même esplanade, il y avait un bâtiment annexe, servant jadis aussi de sous-pré-