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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/125

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ou l’insouciance de Havelaar devait inspirer bien plus de confiance que la gravité prudhommesque de monsieur le préfet.

N’est-il pas ridicule en effet de croire que l’homme chargé de rendre la justice, que l’homme aux mains duquel est suspendu le malheur ou le bonheur d’un si grand nombre d’individus, se sentira enchaîné par quelques sons plus ou moins bien articulés, si son propre cœur ne les lui dicte pas dans son for intérieur ? Et dans ce dernier cas a-t-il besoin de les énoncer avec tant d’emphase ?

À notre avis, Havelaar eût protégé les pauvres et les opprimés, partout où il les aurait rencontrés, même, si devant le Dieu tout-puissant, on lui avait fait jurer de ne les pas protéger.

Le serment prêté, le préfet adressa quelque paroles bien senties aux chefs subalternes. Dans cette façon de discours il leur présenta le sous-préfet comme le chef suprême de la régence. Il les invita à lui obéir et à remplir ponctuellement leurs devoirs. Il termina par d’autres lieux communs tout aussi intéressants. Les chefs subalternes furent ensuite présentés à Havelaar, l’un après l’autre, nominativement.

Havelaar leur donna la main, et l’installation accomplie, on dîna chez le Prince-Régent qui avait invité aussi le commandant Declari. Immédiatement après le dîner, le préfet qui désirait être de retour à Serang, le soir même ; parce qu’il… avait… tant… à… faire !… remonta en voiture ; et Rangkas-Betoung retrouva sa tranquillité, comme on devait s’y attendre d’une station à l’intérieur de Java, habitée par un petit nombre d’Européens, et outre cela, éloignée de la grand’route.