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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/133

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Suisse. Cette propriété, source de revenus considérables, est encore aujourd’hui, en Allemagne et en Italie, l’apanage des Princes de Turn et de Taxis.

Cela leur faisait croire à une grande richesse. Mais, par des causes inconnues, c’est à peine si des bribes de cette richesse arrivèrent à la seconde génération des Van Wijnbergen.

Ce ne fut qu’après son mariage, que Havelaar mit la main sur ces minces détails. Ce qui le frappa, dans ses recherches, fut que le coffret, dans lequel sa femme gardait pieusement ses lettres et ses papiers de famille, — sans se douter que ces pièces fussent importantes au point de vue financier, — avait disparu d’une façon incompréhensible. Tout désintéressé qu’il fût, Havelaar basa sur cette circonstance, l’opinion que sous ce mystère il devait se cacher quelque roman intime. Lui fera-t-on un crime, de ce que, prodigue comme il l’était, il désirât le voir bien finir, ce roman. Ce roman existait-il ? Y avait-il spoliation ? Bien fin qui aurait pu le dire. Toujours est-il que Havelaar rêva de millions, et se monta la tête à ce sujet.

Mais, conséquence de sa nature fantasque, lui qui pour le compte d’autrui, aurait fait des recherches actives, se serait mis en quatre, aurait fouillé jusque dans la poussière de ces vieilles paperasses, pour en faire sortir une matière à chicane, dès qu’il vit qu’il ne s’agissait que de son propre intérêt, il laissa nonchalamment passer le moment opportun d’entamer l’affaire. Il éprouva comme une sorte de honte, à l’idée qu’il n’allait travailler qu’à son profit, et, Dieu me pardonne, je crois que si sa Tine avait été la femme d’un autre, sur la prière de cet autre, il aurait réussi à mettre l’orpheline intéressante en