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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/145

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pour lui n’était autre chose qu’une mordante satire dudit corset, de ce corset qui avait la prétention de revêtir son âme et qui ne faisait que l’étouffer. Quelques uns, seulement, d’entre les chefs avaient consenti à prendre des rafraîchissements. Havelaar leur avait fait offrir du thé et des fruits confits, dont on ne peut se passer dans ces réunions.

Ce n’était pas sans cause qu’il avait mis un point d’arrêt dans son discours.

Comment ! devaient penser les chefs, il sait déjà que tant d’individus ont abandonné notre régence, le désespoir dans l’âme ! Il connaît déjà le nombre des familles qui ont émigré chez nos voisins pour fuir la pauvreté qui règne ici ! Et il pourrait dire le nombre des Bantammois, qui font partie, dans les Lampongs, des bandes révoltées contre le Gouvernement Hollandais ! Que veut-il ? Quelle est son intention ? À quoi tendent ses demandes ?

Et il y en avait qui regardaient le chef du district de Parang-Koudjang. Mais la plupart d’entr’eux baissaient les yeux.

» Viens un peu ici, Max ! s’écria Havelaar qui venait d’apercevoir son enfant, jouant sur l’esplanade. Le Prince-Régent le prit sur ses genoux, mais Max était bien trop remuant pour y rester longtemps ; il sauta par terre et se mit à courir autour du grand cercle formé par les membres du Conseil, amusant les chefs de son babil et jouant avec la poignée ou la garde de leurs poignards. En arrivant près du chef de justice, qui se distinguait des autres par son costume, et l’attirait davantage, il s’arrêta un moment : alors ce dernier, le regarda avec étonnement, puis, d’un geste qu’il adressa au commissaire du chef-lieu, assis à côté de lui, il