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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/163

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variété ? Ce que vous avez lu ne vous plaisait donc pas ? Lecteur, ami lecteur, un écrivain est aussi plein de vanité… qu’un autre homme. Dites lui du mal de sa mère ; raillez la couleur de ses cheveux ; accusez le de grasseyer comme un Parisien, — ce dont il ne conviendra jamais, lui, habitant de Paris, — il vous pardonnera peut-être ! Mais n’effleurez jamais, d’un sourire, la cent millionnième partie de la plus infinitésimale pensée qu’il aura exprimée dans un chapitre quelconque, il ne vous le pardonnera jamais !

Donc, si vous ne trouvez pas mon livre admirable, quand vous me rencontrerez, ayez l’obligeance de faire comme si vous ne me connaissiez pas.

Ce chapitre — variétés — lui-même, vu à la loupe, par ma vanité d’auteur, m’apparaît comme devant être de la plus haute importance, et d’une nécessité capitale ; si, par conséquent, il vous arrivait de le sauter, et de ne pas être consterné d’admiration en face de mon œuvre, vous me donneriez le droit de vous considérer comme un esprit indigne de la juger.

Songez donc ! sauter l’endroit le plus curieux, le chapitre essentiel ! L’homme et l’écrivain sont en droit de considérer comme essentiels tous les chapitres que vous aurez sautés, avec une légèreté impardonnable.

Supposez que votre femme vous demande : est-ce qu’il y a quelque chose dans ce livre ? Et que vous lui répondiez : horribile auditu, horrible à entendre, pour moi ! avec une verbosité qui n’appartient qu’aux hommes mariés :

» Hum !… il faut voir… je ne sais pas encore. »

Barbare ! allez toujours ! lisez encore ! lisez toujours ! L’intérêt, le beau, le sublime se trouvent là… un peu plus loin… tournez la page… vous brû-