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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/189

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— Non… je ne connais même pas son nom.

— Ce n’était pas précisément son nom. Nous la surnommions ainsi, à cause de l’éclat de son regard. Elle doit s’être mariée… Il y a si longtemps de cela ! Jamais, je n’ai rien vu de pareil… Si, pourtant, à Arles. Il faut aller à Arles. C’est ce que j’ai trouvé de plus beau dans tous mes voyages. À mon sens, rien ne représente mieux le beau idéal, le vrai palpable, la pureté immatérielle, qu’une belle femme… Croyez-moi, allez à Arles, et à Nîmes.

Declari, Dipanon et — je dois l’avouer — Tine elle-même ne purent s’empêcher d’éclater de rire à l’idée de faire, ex abrupto, sans dire gare, une enjambée, de l’Ouest de Java, dans le Midi de la France, à Arles ou à Nîmes.

Havelaar, qui, lui se trouvait en ce moment perché sur le sommet dé la tour, bâtie par les Sarrazins, à l’extrémité des arènes, à Arles, eut besoin de faire un violent effort d’imagination, pour comprendre la cause de ce rire intempestif, puis il reprit :

— Oui-dà… riez… riez… Un jour viendra où vous vous rendrez dans ces parages… et alors, vous ne rirez plus si fort. Je n’ai jamais rien vu de pareil, nulle part. J’étais habitué aux désillusions sur tout ce qu’on préconise d’ordinaire. Ainsi, par exemple, ces cascades dont on parle tant, et sur lesquelles on écrit tant de belles phrases, telles que celles de Tondano, de Maros, de Schaffhausen, et du Niagara… Eh bien, je me suis vu obligé de consulter mon guide pour connaître la mesure exacte de mon admiration… chute d’eau, de tant de pieds d’élévation… tant de pieds cubiques d’eau tombant par minute… La belle affaire !… Les trois quarts du temps, quand ces chiffres là sont fort élevés, le