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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/225

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contrebalancer cette assommante réputation de bravoure, qui les empêchait de dormir.

En fait, il possédait au plus haut degré une vraie qualité, la fermeté de caractère.

Ce qu’il voulait, il le voulait bien, et il fallait que ce fût. Mais, voyez, l’antithèse surgit ici à l’instant, et d’elle-même. Dans le choix des moyens d’exécution, il était un tant soit peu… libre ! Et comme on l’a dit de Napoléon, — injustement, selon moi ; — » il se souciait peu de la moralité, quand il y voyait un obstacle à ses projets. »

À coup sûr, il est plus facile, de la sorte, d’atteindre son but, qu’en ayant des scrupules, et en se liant pieds et poings par des remords de conscience.

Le sous-préfet de Padang avait fait un rapport favorable au contrôleur en question. La suspension de ce contrôleur avait donc l’air d’une parfaite injustice.

La rumeur publique allait toujours, grossissant, à Padang ; on parlait, de plus en plus, de l’enfant disparu. Le sous-préfet se vit donc forcé de reprendre cette affaire ; mais… avant qu’il pût tirer la chose au clair, il recevait un décret, en vertu duquel, le Gouverneur du côté Sud de Sumatra le suspendait, lui aussi, pour cause de forfaiture. Il avait, disait-on, par pitié ou par amitié, exposé sous un faux jour, — et cela, de mauvaise foi, — l’affaire du dit contrôleur.

Je n’ai pas lu les pièces du procès, mais je sais que le sous-préfet ne connaissait le contrôleur, ni d’Ève ni d’Adam. C’était précisément pour ce motif qu’on lui avait donné la direction de cette affaire. Je sais, de plus, que c’était un homme parfaitement honorable ; et le Gouvernement n’en jugea pas d’au-