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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/259

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Havelaar avait fait prier madame Sloterin de l’excuser du peu d’empressement qu’il avait mis à lui rendre sa visite ; il s’était promis de se rendre chez elle le lendemain ; mais Tine y était déjà allée, et venait de lier connaissance avec elle.

J’ai déjà dit-que cette dame était, soi-disant, une indigène, ne parlant que le malais. Elle avait témoigné le désir de continuer à vivre dans son ménage. Tine ne lui força pas la main, et lui laissa volontiers toute liberté à ce sujet.

Ce n’était pas que Tine ne fût point hospitalière, mais, tout récemment arrivée à Lebac, elle ne se sentait pas en mesure de recevoir madame Sloterin, comme elle aurait désiré le faire, vue prise de la situation exceptionnelle dans laquelle cette dame se trouvait.

Bien que madame Sloterin ne dût pas » s’affliger » beaucoup des propos et des racontars de Max, comme Tine le prétendait, cette dernière comprenait qu’il y avait mieux à faire que de ne pas l’affliger ; elle abondait donc dans son plan, effrayée qu’elle était par les économies projetées par son mari. Tine n’aimait pas à inviter les gens pour leur offrir maigre chère.

Puis, l’idée que la veuve du dernier sous-préfet ne s’exprimait que dans une langue en dehors de la civilisation et de l’esprit de conversation, lui causait une certaine appréhension.

Des relations plus intimes n’auraient probablement abouti qu’à un mécontentement, et à un ennui réciproques.

Tine lui aurait tenu société de son mieux ; elle aurait causé cuisine, hors-d’œuvres, confitures et cornichons avec elle ; mais ce n’aurait toujours été que du dévouement de sa part.