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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/295

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simple de le jeter à bas du piédestal, où son entourage, qu’on l’aimât ou qu’on le détestât, s’était vu forcé de le placer.

— Oui, disaient-ils, Havelaar est spirituel, mais… son esprit est si léger, si superficiel !… Il est intelligent, mais il ne sait pas se servir de son intelligence !… Oui, il a bon cœur… mais il en fait trop d’étalage !… Il pose pour le cœur !

Quant à ce qui regarde son esprit et son intelligence je ne ramasse pas le gant mais pour son cœur, pauvres petits insectes qu’il ne manqua jamais de sauver, quand il en trouva l’occasion, tout seul, défendez le, et dites qu’il n’était ni poseur ni infatué de son cœur !

Ah ! mouches, petites mouches, vous vous êtes envolées, sans vous soucier de Havelaar, vous, qui ne pouviez vous douter, qu’un jour il aurait besoin de votre témoignage !

Était-ce de la pose, de la part de Havelaar, quand, à Natal, il se jeta à l’eau, en pleine embouchure du fleuve, pour sauver un chien, non, une chienne, — elle s’appelait Sapho ! — La pauvre bête était toute jeune, et il avait peur qu’elle ne pût assez bien nager pour éviter les requins qui sont si nombreux, à cet endroit du fleuve.

C’est une pose plus difficile à admettre, que la bonté ou la générosité de son cœur.

J’en appelle à vous, qui avez connu Havelaar, ai vous n’êtes pas raidis par le froid de l’hiver ou par la mort, comme les mouches qu’il a sauvées, ou séchés par la chaleur équatoriale, comme cette brave Sapho !

J’en appelle à vous pour rendre hommage à son bon cœur, vous tous qui l’avez connu !

J’en appelle à vous, surtout à présent, et cela en