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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/300

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XV


Le prédécesseur de Havelaar, homme de bonne volonté, mais plus ou moins timoré, craignait de tomber en disgrâce, auprès du Gouvernement ; il avait beaucoup d’enfants et il était sans fortune ; aussi préféra-t-il s’aboucher directement avec le préfet, sur ce qu’il appelait lui-même des abus extravagants, plutôt que de les signaler ouvertement dans un rapport officiel.

Il savait qu’un préfet n’aime pas à recevoir un rapport écrit, qui reste dans les archives, et qui, plus tard, peut prouver qu’on lui avait donné connaissance de telle ou telle malversation ; tandis qu’une communication verbale lui laissait, sans courir aucun risque, la faculté de punir ou de mettre sa plainte de côté.

Ces communications verbales donnaient ordinairement naissance à un entretien personnel avec le Prince-Régent, qui désavouait tout, comme de juste, et qui exigeait des preuves.

Alors, étaient convoquées les personnes qui avaient eu l’audace de porter plainte ; et, elles finissaient par s’excuser, en rampant, aux pieds du Prince-Régent.

» Non ! leur buffle ne leur avait pas été enlevé pour rien ; ils étaient bien certains qu’on le leur paierait le double de sa valeur !

Non, on ne les avait pas contraints à quitter leur champ, pour travailler gratis aux champs de riz du