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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/311

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» Cela peut être la vérité, mais, ce n’est ni toute la vérité, ni la vérité principale ; La cause réelle se trouve plus au fond. »

Vous acquiesciez pleinement à cette remarque ; je ne fis donc pas usage de mon droit, qui m’autorisait à exiger que vous missiez au grand jour cette vérité première.

J’avais plusieurs raisons de me montrer aussi indulgent, entre autres celle-ci : que je trouvais peu juste d’exiger de vous un service que tant d’autres ne rendaient pas, et de vous forcer d’abandonner aussi subitement une routine de dissimulation et de crainte, qui, loin de vous être imputée, ne devait l’être qu’à la direction qu’on vous avait donnée.

Enfin, je désirais d’abord vous donner un exemple, vous prouvant clairement qu’il était bien plus facile de faire tout à fait son devoir, que de le faire à moitié.

Mais, aujourd’hui, que j’ai l’honneur de vous avoir à tous moments sous mes ordres, aujourd’hui que je vous ai dit et répété qu’il vous fallait changer de manière d’être, qu’il vous fallait avoir des principes, qui, si je ne me trompe, finiront par triompher, je désire qu’il n’en soit plus ainsi.

Vous changerez donc votre façon d’agir, vous vous approprierez ces principes, vous les adopterez, et vous acquerrez la force nécessaire, force que vous avez déjà, et dont vous ne vous servez pas par manque d’habitude.

Cette force est indispensable pour parler toujours suivant votre conscience, franchement.

Dites tout ce qu’il y a à dire, et chassez cette timidité peu virile qui vous empêche d’énoncer fermement votre opinion dans une affaire.