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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/357

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Il dépassa Rangkas-Betoung, qui n’était pas encore chef-lieu de Lebac, puis Waroung-Gounoung, où résidait alors le sous-préfet.

Le lendemain, il voyait Pandeglang, situé au beau milieu d’un immense jardin.

Un jour après, il arrivait à Serang, et restait bouche béante devant la splendeur d’une ville, si grande, et contenant tant de palais ou de bâtiments construits en briques, et toiturés de tuiles rouges.

Saïdjah n’avait jamais rien vu de pareil.

La fatigue le retint une journée entière à Serang ; mais, à la fraîcheur de la nuit tombante, il reprit son chemin, et, le lendemain matin, il arrivait à Tangerang, avant que l’ombre ne lui fût descendue jusqu’aux lèvres ; et cependant il portait le grand chapeau de berger que son père lui avait laissé.

À Tangerang, il se baigna dans le fleuve, tout près le gué, et il alla se reposer chez une connaissance de son père. Là, il apprit à tresser des chapeaux de paille, suivant la mode, et la méthode de Manille.

Il y resta un jour pour faire cet apprentissage, se disant que plus tard peut-être, s’il ne trouvait pas son affaire à Batavia, il pourrait gagner sa vie, de cette manière.

Le lendemain, à la tombée de la nuit, plein de reconnaissance, il quitta son hôte, et se remit en route. Aussitôt que les ténèbres furent épaisses, et qu’il se crut certain de n’être vu par personne, il s’arrêta, et tira de son sein la feuille de jasmin qu’Adenda lui avait donnée sous le grand arbre ; et après l’avoir couverte de baisers, il se mit à pleurer en songeant qu’il ne la verrait pas, pendant un si long espace de temps.