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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/402

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Il y avait donc une grande générosité de la part de l’administration à payer sans cesse un prix si élevé pour un article de si petite valeur, et de si médiocre qualité que, pour son compte personnel, il ne s’en servait jamais, ne faisant usage que de thé Chinois.

Il ajoutait que le Gouverneur-général qui avait continué les soi-disant contrats de thé, malgré la perte acertainée sur cet article-là était un homme si capable, si honnête, et surtout un ami si fidèle pour ses anciennes connaissances, qu’il ne s’était jamais inquiété de tous les contes faits sur les pertes subies par l’administration dans ses achats de thés, et qu’il lui avait rendu un grand service, au moment où il était question de révoquer ces contrats, en 1846, je crois.

» Oui, acheva-t-il, le cœur me saigne quand j’entends calomnier des hommes pareils ! des hommes aussi nobles ! S’il n’avait pas été là, lui, aujourd’hui j’irais à pied avec ma femme et mes enfants ! »

Et il fit avancer sa barouchette, une voiture de belle apparence, traînée par des chevaux si gras, que je compris à merveille sa gratitude pour un Gouverneur-général comme celui-là.

Ça fait du bien à l’âme, d’arrêter son regard sur des émotions si douces, surtout quand on les oppose aux murmures et aux plaintes d’êtres aussi abjects que l’Homme-au-châle et consorts.

Le lendemain, le préfet et le monsieur pour lequel les Javanais faisaient du thé, nous rendaient notre visite. Tous les deux nous demandèrent en même temps quel train nous comptions prendre pour rentrer, à Amsterdam.

Nous ne savions pas ce que cela signifiait ; mais