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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/405

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et l’influence corruptrice de sa nombreuse famille neutralisée, il fût plus facile d’ouvrir une enquête nouvelle sur la base de mon accusation, et sur la vérité de mes soupçons.

J’ai réfléchi longuement, ou pour mieux dire, beaucoup, avant de me résoudre à cette extrémité.

Je vous ai fait part de toutes mes démarches, de mes exhortations, et de mes menaces. J’ai essayé tout au monde pour préserver du malheur et de la honte, le Prince-Régent dont je respecte la vieillesse, et pour m’éviter à moi-même la douleur profonde de me voir la cause directe de sa chute.

Mais, d’autre part, j’avais devant les yeux une population réduite à la misère, et opprimée depuis des années ; je pensais à la nécessité d’un exemple, ayant à vous rendre compte d’une foule d’autres malversations, surtout si cette affaire-ci ne sert pas de réactif salutaire.

Je le répète donc, après mûre réflexion, j’ai fait ce que je croyais être mon devoir.

Je reçois à l’instant votre honorée, par laquelle, en quelques lignes amicales de votre main, vous m’annoncez votre visite de demain, et vous me donnez à entendre que j’eusse mieux agi, en traitant cette affaire, au préalable, d’une façon officieuse.

C’est précisément parceque je dois avoir l’honneur de vous voir, demain, que je prends la liberté de vous adresser la présente, afin de constater ce qui suit avant notre entrevue :

L’enquête faite au sujet des actes du Prince-Régent est entièrement secrète ; lui seul et son secrétaire intime en ont eu connaissance. Je les avais loyalement avertis, moi-même.

Le contrôleur n’a été informé que partiellement du résultat de mes recherches.