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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/42

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Au milieu des entraves de la route,
Je me traçai vaillamment une issue,
Et, en rêve, me crus bienheureux…
Mais, depuis l’adieu suprême,
Le temps, quoique passé comme une ombre,
Soudaine et insaisissable,
Comme un spectre,…
A laissé de son passage,
Des traces ineffaçables !
Ma coupe joyeuse fut vidée jusqu’à la lie,
J’ai pensé, et j’ai lutté,
J’ai acclamé mon bonheur, et j’ai imploré Dieu…
C’est comme si j’avais traversé des siècles !
J’ai cherché le salut de la vie,
J’ai trouvé, et j’ai perdu ;
Et enfant, un moment auparavant encore,
Dans une heure j’ai vécu des existences !

Pourtant mère ! crois-moi,
Devant Dieu ! … je te le jure
Mère ! crois le !
Non, ton fils ne t’oubliait pas !

J’aimais une jeune fille. Ma vie entière
Me semblait embellie par cet amour,
Qui était le bouquet de mon cœur,
Martyr de l’humanité
Par l’accomplissement du devoir…
Heureux de ce trésor
Que Dieu m’avait réservé,
Que je devais à sa grâce
Mes larmes en témoignaient,
Amour et religion ne faisaient qu’un pour moi…