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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/445

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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS,


AJOUTÉS PAR L’AUTEUR


À LA 4ième ÉDITION, DE 1875.


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C’est à moi, et non à la bonne volonté de mon éditeur, qu’il faut reprocher le retard apporté à la publication de la présente édition.

Et, encore, est-ce bien reprocher qu’il faut dire ?

Le droit de reproche implique une idée de culpabilité ; et, je vous le demande, peut-on incriminer l’antipathie invincible que je ressens pour un travail me forçant à traverser de nouveau, page par page, mot à mot, lettre par lettre, le drame lugubre, qui m’a dicté ce livre ?

Ce livre !

Le lecteur n’y voit pas autre chose.

Mais, pour moi, ces feuilles représentent un chapitre de ma vie ; … pour moi, la correction de ces épreuves a été un long supplice depuis la première ligne jusqu’au mot : fin !

Chaque fois, la plume me tombait des doigts, chaque fois, mon œil, se troublait, en relisant l’esquisse imparfaite et adoucie de ce qui se passa, il y a vingt ans, dans le coin de terre, jadis inconnu, qui porte le nom de Lebac.

Et, combien plus profonde encore devait être l’impression de ma tristesse, en songeant aux quinze années, qui ont succédé à la publication de mon livre, Max Havelaar !

À tous moments, je jetais les épreuves de côté, m’efforçant de jeter les yeux de mon âme sur des sujets moins tragiques que ceux, qui m’étaient rappelés par les vains efforts de Max Havelaar.

Des semaines, des mois entiers, — mon éditeur est là pour en rendre témoignage — je ne pouvais trouver le courage de jeter un regard sur les épreuves qu’on m’envoyait.

Ce n’est pas sans peine, et sans ennui que je suis venu à bout de cette correction, correction qui m’a plus coûté que l’enfantement de mon livre.

Ce fut en 1860, en plein hiver, à Bruxelles, sur une table sale,