Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— » Cet homme n’a écrit qu’un roman ! »

Ose-t-on déclarer faux les documents officiels que j’y ai insérés ?

Il ne m’est rien venu à l’oreille, qui ressemble à une pareille accusation.

Mais, puisqu’on refuse de m’accorder la place qui m’est due, dès que ces documents sont reconnus authentiques, il m’est fort difficile de trouver un juste milieu !

Comment me justifier, si je n’ai pas besoin de justification ?

Comment ne pas rester en-deça ?

Comment ne pas aller au-delà ?

À chaque instant, je risque de passer sous silence un point, qui aurait besoin d’être acertainé, aux yeux de quelques lecteurs, ou de donner un éclaircissement inutile, faute qui m’exposerait à subir la fausse interprétation du proverbe connu :

Qui s’excuse, s’accuse.

Quant à cela, moi, qui ai fait mon devoir, je n’ai à m’excuser de rien. C’est à la Hollande, qui n’a pas fait le sien de faire amende honorable, elle qui a pris le parti d’un tas de gredins contre Max Havelaar.

Voilà tout !

Ainsi, mon hésitation sur la façon de procéder que je dois employer me gêne de beaucoup.

De plus, arrivé à la fin ou presqu’à la fin de mon travail d’annotations, voilà que je me vois sur le point de dépasser de beaucoup la place qui m’a été concédée, place qu’antérieurement je croyais suffisante.

Mes notes, commentaires, éclaircissements philologiques, géographiques, ethnographiques ou historiques menacent de dépasser en longueur le texte original.

Il me faut les écourter, et je me plais à croire que le lecteur y perdra quelque chose.

Je laisse tels quels les pseudonymes de Filandré, Dipanon, Declari et Sloterin, aujourd’hui que ces noms sont devenus populaires.

Mon prédécesseur assassine s’appelait : Carolus, le contrôleur Dipanon, van Hemert, et le commandant Declari, Collard.

Le préfet de Bantam répondait au nom de Brest van Kempen, et Michiels était celui du petit Napoléon de Padang.

En confiant mon manuscrit à une tierce personne, je pris la résolution de taire les noms véritables.