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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/48

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car j’aime la vérité, — l’idée me vint que cet Homme-au-Châle, si le troisième commis était un jour congédié — ce qui peut arriver puisqu’il devient vieux et infirme — pourrait très-bien le remplacer. Il va sans dire que je prendrais d’avance des informations sur son honnêteté, sa religion et son comme-il-faut, car je n’admets personne dans mon bureau, avant d’être bien renseigné là-dessus. C’est mon principe invariable. Vous l’avez vu dans ma lettre à Ludwig Stern.

Ne voulant pas montrer à Frédéric que j’en venais à m’intéresser au contenu de ce paquet, je le renvoyai. Ça commençait à m’égarer en effet de prendre en mains toutes ces pièces l’une après l’autre, et d’en lire les titres. Il est vrai qu’il y avait beaucoup de vers, mais j’y trouvais aussi beaucoup de choses utiles, et j’étais frappé de la variété des sujets traités. J’avoue, — car j’aime la vérité, — que moi, qui ai toujours fait les cafés, je ne suis pas à même de juger de la valeur de tout, mais, même sans toucher à la critique la seule liste des titres était déjà curieuse. Puisque je vous ai raconté l’histoire du Grec, vous savez que j’ai été un peu latinisé dans ma jeunesse, et quoique je m’abstienne de toute citation dans la correspondance, — ce qui ne serait pas de mise au bureau d’un commissionnaire, — je pensais pourtant en voyant tout cela : un peu de tout, et rien à fond : de omnibus aliquid, de toto nihil ; Ou, la quantité, et non pas la qualité, multa, non multum.

Mais, je pensais de la sorte plutôt par malice, que par conviction, et par le désir de répondre en latin à ce paquet plein de pédantisme et d’érudition, qui se trouvait là, planté devant moi. En m’arrêtant un peu plus longtemps sur une pièce