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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/60

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de pains à cacheter, et je pris la résolution de patienter encore un peu avec notre Bastien. Après tout je ne pouvais me décider à mettre un vieillard à la porte, sans autre forme de procès. Sévère mais juste, est ma ligne de conduite. Néanmoins, je ne néglige jamais de me renseigner sur ce qui peut être utile aux affaires, et dans ce but, je demandai à Tiredon l’adresse de l’Homme-au-châle. Il me la donna et j’en pris note.

Je songeais toujours à mon livre, mais en toute vérité, j’avouerai que je ne savais trop comment m’y prendre. À coup sûr, les matériaux trouvés dans le paquet de l’Homme-au-châle avaient une certaine importance pour les commissionnaires en cafés. Restait la question de savoir comment faire pour coordonner ces matériaux. Tout commissionnaire connaît l’importance d’une bonne distribution.

Mais… écrire, en dehors de la correspondance avec mes commettants, c’est sortir de ma sphère ; et pourtant je sentais bien qu’il me faudrait écrire. L’avenir du métier est peut-être en jeu. Les renseignements contenus dans les papiers de l’Homme-au-châle ne sont pas de telle nature que Last et C°. soient autorisés à en garder le profit pour eux tout seuls. S’il en était ainsi, je ne me donnerais pas la peine de faire imprimer un livre qui viendrait sous les yeux de Busselinck et Waterman. Celui qui travaille pour son concurrent, n’est qu’un sot. Tel est mon principe invariable. Non ; je m’apercevais qu’un danger de nature à ruiner tout le marché des cafés était imminent, un danger qui ne pouvait être surmonté que par les forces réunies de tous les commissionnaires, si toutefois ces forces étaient suffisantes. À mon compte, les raffinadeurs, Fréderic dit : raf-