Aller au contenu

Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Stern, en l’introduisant dans le jardin zoologique Artis. Il peut le mander à son père, sans nul inconvénient.

Il y a deux jours encore, ce livre me causait bien du tracas ; aujourd’hui Frédéric vient de me tirer d’affaire. Je ne le lui ai pas avoué, trouvant maladroit de laisser croire à quelqu’un qu’on lui a une obligation quelconque, — tel est mon principe, — mais c’est la vérité. Il prétend que Stern est un garçon tellement intelligent, et qu’il fait des progrès si rapides dans notre langue, qu’il a traduit en hollandais des vers allemands de l’Homme-au-châle. Vous le voyez, dans ma maison, c’est le monde renversé. Le Hollandais avait écrit en allemand, et l’Allemand traduisait en hollandais. Si chacun s’en tenait à sa propre langue, il n’y aurait pas tant de travail dépensé inutilement. Une idée me vint. Si je faisais écrire mon livre par ce Stern. Quand j’aurai quelque chose à y ajouter, de temps en temps, j’écrirai un chapitre de ma main. Frédéric peut s’y mettre aussi. Il a une petite liste de mots qui s’écrivent par deux e. Marie mettra le tout au net. En même temps, pour le lecteur, c’est une garantie de moralité ; vous comprenez bien qu’un commissionnaire comme il faut ne mettra rien, entre les mains de sa fille, qui ne convienne aux mœurs, et ne soit la bienséance même. Allons ! J’ai parlé de mon projet aux deux jeunes gens qui acceptent. Seulement, Stern, qui est légèrement lettré, — comme beaucoup d’Allemands, — voudrait avoir voix au chapitre, pour le plan et l’exécution du livre. Cela ne me va pas beaucoup, mais la vente du printemps étant prochaine, et les commandes de Ludwig Stern n’étant pas encore arrivées, je ne veux pas le contrarier. Il prétend que, se sentant enflammé par l’amour du vrai et du beau, aucun