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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/67

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peine à la moitié du genou, laissant ses petites jambes nues jusqu’à la cheville. Joli costume… et convenable surtout.

— Tu viens pour parler à papa ? me cria-t-il tout-à-coup.

Je compris sur-le-champ que l’éducation de ce garçonnet laissait beaucoup à désirer. Autrement, il aurait crié : venez-vous ? Mais, embarrassé de ma fausse situation, je consentis à y mettre du mien, et je répondis :

— Oui, mon petit homme, je viens pour parler à ton papa. Penses-tu qu’il va bientôt rentrer ?

— Je ne sais pas. Il est sorti, et il cherche de l’argent pour m’acheter une boîte à couleurs, — Frédéric dit : aux couleurs ; mais je ne suis pas de son avis. —

— Assez, mon enfant ! fit la femme. Joue un peu avec tes images, ou avec ta boîte de joujoux chinois.

— Mais tu sais bien qu’hier, ce monsieur a tout emporté.

Il tutoyait aussi sa mère, le petit misérable ; et il paraît que la veille un „ monsieur ” était venu et avait tout emporté !… charmante visite !… La femme ne paraissait pas très gaie non plus ; elle essuya ses yeux à la dérobée, en penchant la petite fille vers son petit frère.

— Tiens ! dit-elle, joue un peu avec Nonni. Un drôle de nom ! Enfin, l’enfant se mit à jouer avec sa sœur.

— Dites-moi, la dame, fis-je, est-ce que vous attendez votre mari, dans peu ?

— Je ne puis vous l’assurer, me répliqua-t-elle.

Voilà que le petit garçon, qui jouait à la nacelle avec sa petite sœur, la laissant de côté, me dit immédiatement :