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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/106

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TÄSHHORN

tomber de leurs lèvres, comme ils ont coutume de le faire, en termes courts et très compréhensibles, certaines appréciations ou dépréciations des choses. Tout en trébuchant et en remontant ces pentes interminables, nous nous apercevons que le jour vient enfin, et, au moment où nous atteignons le bout du Glacier de Weingarten, le Mont Rose flambe des plus brillants rayons du soleil. Nous faisons une halte de quelques minutes, pendant que Burgener examine quel est, des deux couloirs de roc nous faisant face, celui qui nous ouvrira la meilleure route. Je confesse que ce problème n’a nullement soulevé mon enthousiasme et que, tournant le dos aux falaises, je me mets à suivre l’avance imposante du disque rutilant du soleil, dispersant les dernières ténèbres attardées dans le bas des champs de neige.

L’exploration de Burgener est vite terminée, les guides une fois de plus jettent le sac sur leurs épaules et nous voici enjambant les pierres branlantes de la moraine dans la direction du couloir le plus rapproché du Täschhorn. Les rochers se trouvent très faciles, et nous faisons de rapides progrès ; enfin, à 4 h. 45 mat., nous atteignons une place convenable pour le déjeuner. Juste en face, la falaise devient beaucoup plus rapide et se trouve coupée par des bandes plus ou moins continues de rocs à pic. Burgener est tout joyeux de l’approche de notre première lutte, et il peut à peine refréner l’exubérance de son esprit. Il emploie son temps, quand sa bouche n’est pas occupée à plus sérieuse besogne, à essayer, dans son meilleur ( !? ) anglais de me rendre nerveuse. Il me fait une peinture variée et des plus saisissantes des terribles précipices que j’aurai à saluer de mes yeux inexpérimentés, finissant toutes ses phrases par cette sentence : « It is more beautifuls as the Matterhorn » « c’est plus beau