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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/163

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UN PIC INACCESSIBLE

nous trouvons que les plaisirs de la douche eux-mêmes peuvent rassasier et nous tournons à droite pour aboutir à la neige du couloir. Nous suivons celui-ci jusqu’à ce que ses parois deviennent tellement fermées de chaque côté que nous craignons de ne plus pouvoir en sortir si nous continuons à le remonter plus loin. Tournant à notre gauche, nous parvenons, après de grandes difficultés, à aborder la muraille et à l’escalader assez facilement pendant une centaine de mètres. Nous nous trouvâmes alors arrêtes de face par une dalle infranchissable ; elle bloquait ou plutôt terminait le couloir que nous venions de grimper, et nous fûmes forcés de nous échapper par la gauche en traversant le long du surplomb de son arête la plus basse. Nous nous maintenions principalement en agrippant entre les doigts et le pouce le bord inférieur de cette dalle, pendant que nos jambes s’appuyaient sur le roc en dessous, travail inutile pour lequel il eût mieux valu les laisser à la maison. Après avoir surmonté cette difficulté, nous nous portons par quelques mètres d’agréable grimpade au sommet de la grosse tour rouge que l’on aperçoit assez bien de la Mer de Glace.

Bien que nous eussions déjà marché huit heures, nous n’avions guère encore commencé l’escalade réelle ; d’un commun accord nous faisons halte pour voir si la tentative d’ascension que nous opérons semble être digne d’un effort ultérieur. Le col entre Grépon et Charmoz paraissait accessible, et il semblait encore possible de forcer sa route jusqu’à la brèche située entre le sommet et la tour que l’on nomme maintenant Pic Balfour. Mais chacun de ces points pouvait, nous le savions, être atteint plus facilement du Glacier des Nantillons. Notre but avait été d’ascensionner tout droit la face et d’éviter ainsi les difficultés de l’arête : ce qui, nous nous en