Aller au contenu

Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
L’AIGUILLE DU PLAN PAR L’ARÊTE NORD-OUEST

dans un récipient plat, et, au moment critique, nos deux talents réunis à Hastings et à moi n’arrivent qu’à précipiter dans le feu le précieux liquide. Hastings du moins récolta un véritable triomphe avec une friture de lard et Collie nous fit un excellent thé. Il me fallut cette influence excitante pour me faire retrouver mon état d’esprit habituel qu’avait temporairement troublé la perte désastreuse de la soupe.

Après avoir dit adieu à nos amis, nous partons dans la direction de la Tapiaz, ramassant sur notre passage de gros fagots de branchages pour notre feu de bivouac. Slingsby et Collie nous conduisent alors à un délicieux petit berceau de gazon, évidemment quelque ancien lit lacustre, où, garantis contre tous les vents possibles, nous pourrons dresser notre tente et nous installer des plus confortablement. Nous découvrons bientôt les porteurs bien au dessus de nous sur la moraine, et en réponse a nos cris et à nos signaux, ils commencent à descendre vers nous. Le plus jeune de la caravane est laissé pour les apprêts du campement, et Slingsby et moi partons à la reconnaissance du pic. Nous rencontrons et contrepassons les porteurs, mais bientôt après nous sommes pris de la crainte terrible qu’ils ne manquent le petit berceau où nous sommes installés, en sorte que Slingsby se sacrifie, comme d’habitude, et retourne s’assurer que notre bagage ne s’égare pas. La route du Glacier des Pèlerins fut plus longue que je ne pensais, et lorsque j’y arrivai, la face de l’Aiguille du Plan se trouva voilée par un nuage. Il me parut pourtant qu’il y avait quelques chances de voir se briser cette barrière, et je me dirigeai sur un gros bloc situé sous les pentes inférieures de l’Aiguille du Midi. Je m’asseois enfin à mon aise et regarde les tourbillons et les bouffées de vent, toujours agitant ou emportant les re-