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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/27

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XXV
A. F. MUMMERY

pareils couloirs et ceux qui le font doivent reconnaître clairement qu’ils courent des risques très sérieux ». On serait bien tenté de croire parfois qu’il est un peu fataliste : il nous parle ici d’un « hasard heureux » ; plus loin ce sont les pierres qui « exhibent leur talent habituel à manquer le fidèle grimpeur » ; une autre fois, il affirme que « nos meilleurs efforts doivent être quelquefois secondés par la grande divinité du hasard ». Avec sa tendance à l’humour, au paradoxe, qui en est un procédé, il semble avoir foi dans son étoile ; pour nous, il a plutôt foi dans la sûreté de son jugement, basée sur l’expérience, et dans son habileté à se sortir du danger par un expédient quelconque. Cette tendance au paradoxe, nous la retrouvons dans cette phrase : « N’y a-t-il pas toujours plaisir à aller à l’encontre du sage ? » Et pourtant la prudence de Mummery éclate il chaque pas de ses dernières excursions : au Shkara notamment, il a le courage de battre en retraite, abandonnant sans arrière-pensée cette première ascension d’un pic de 5.193 mètres.


C’est toujours à ce tour d’esprit humoristique et à cette pointe de scepticisme qu’il faut attribuer les traits, parfois assez acérés, qu’il décoche aux guides. Non qu’il ne les aimât, car il fait des guides du vieux temps de très beaux éloges et en maints endroits on sent la sympathie qui le joint à Burgener, mais il y a tant d’esprit, de fine observation dans ces traits, qu’on ne peut que les trouver charmants… et au fond pas méchants. Du