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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/295

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LE COL DES COURTES

ment autour d’un épaulement des Courtes ils sont vite perdus de vue.

Le calumet de la paix est encore une fois allumé ; pendant ce temps, Hastings, qui n’étant pas fumeur n’a aucun devoir particulier à remplir, est chargé de paqueter les sacs et finalement d’aller sur le sommet du sérac, sous le souffle glacial du vent, chercher une voie facile et commode pour le passage de la rimaye. Toute idée de franchir le col situé immédiatement contre l’Aiguille de Triolet avait été abandonnée, en partie à cause de la difficulté d’y trouver une route praticable, en partie à cause du fait qu’une pareille roule devait nécessairement être exposée aux chutes de projectiles nombreux et variés. Nous revenons donc à l’autre plan, à savoir de grimper au Glacier des Courtes et de traverser alors le vrai Col de Triolet. Mais avant de commencer cette opération il est nécessaire de franchir une rimaye tout à fait formidable qui défend l’accès des pentes des Courtes.

À 5 h. mat. nous quittons notre ami le sérac et nous nous dirigeons lentement vers la grande crevasse béante. Deux directions nous étaient ouvertes. Nous pouvions, soit assaillir la rimaye à un endroit où, une fois au delà, l’ascension promettait d’être une simple et ordinaire taille de marches ; soit prendre plus à droite, là où un sérac possible et une pierre plus que probable pouvaient choir, et de là remonter une série de séracs empilés les uns sur les autres jusqu’à ce que nous eussions gagné un couloir d’avalanche sensiblement au dessus de la rimaye.

Suivant notre habitude, nous nous décidons pour la direction la plus courte et momentanément la plus difficile, et nous nous portons vers la rimaye ouverte et vers sa lèvre surplombante. Mais comme nous approchions il devenait de plus en plus certain que ladite lèvre était trop haute