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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/302

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UN PETIT COL

plus habiles flatteries. Il nous fallait donc chercher une autre méthode pour surmonter cette difficulté. De ce côté-ci de la plaque et à environ 1m,80 au dessous de nous se trouvait une petite corniche sur laquelle il paraissait possible de tailler un escalier conduisant en oblique au bas de la crevasse, jusqu’à ce qu’il émergeât au dessus de la crête de la plaque, au niveau même du champ de neige le plus bas. Serait-il possible de franchir la rimaye en cet endroit, ce n’était pas très certain, mais dans l’alpinisme il faut toujours laisser quelque chose au hasard heureux. Cela ajoute tant de piment et d’intérêt à la course !

Je n’avais pas plutôt descendu la corniche et commencé le travail de l’escalier que l’opinion générale de la caravane tourna, au point de se prononcer une seconde fois pour le saut. Collie en vint même à offrir de nous laisser hier à la corde et de risquer alors les 9 mètres. Mais comme il y a peu de plaisirs musculaires plus délicats que celui qu’apporte la taille des marches vers le fond d’une crevasse — les joies elles-mêmes de l’escalade de rocher pâlissent devant celles des murs de glace perpendiculaires, — les remontrances qui me venaient d’en haut restèrent en conséquence sans écho et je taillai ma route de plus en plus bas dans les profondeurs bleues. Il me fut d’abord possible de descendre, un pied placé dans une marche de la plaque, l’autre pied demeurant dans la masse principale ; aussi longtemps que cette position me fut permise, le piolet put être manié des deux bras, et d’excellentes marches pouvaient être taillées dans les murs opposés. Un peu plus bas la crevasse s’élargissait beaucoup, et, en dépit de la grandeur de mes jambes, je ne pouvais plus atteindre la paroi opposée. J’étais, en conséquence, obligé de tailler mon escalier exclusivement dans la plaque. Il