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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/332

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LE DYCH TAU

souffles furieux de la tourmente à rompre volontiers notre repos et à 11 h. 30 mat. nous quittons le sommet. Nous descendons vivement les rochers de la grande fente et nous revenons à la face Sud sans beaucoup d’embarras. Là je me distingue en perdant la route et je me vois relégué, au poste nominalement plus important de dernier de la cordée. Zurfluh reprend avec la plus brillante habileté la lignes des corniches et des fissures que nous avons ascensionnées et nous atteignons régulièrement l’arête horizontale. Encouragés par notre succès, nous marchons hardiment à grands pas sur son étroite crête au lieu d’adopter notre indigne procédé du matin. Peu après Zurfluh imite mon mauvais exemple et perd la bonne direction de descente. Nous voyons bien le rocher qui recouvre en sécurité notre sac, et les traces de nos pas sont là sur une petite plaqué de neige, juste au dessus de la muraille ; mais nous ne pouvons plus découvrir la ligne par laquelle nous avons joint ces deux points. Finalement nous sommes forcés d’exécuter une descente sensationnelle, dans une petite fissure ou fente juste assez large pour y placer le bout des pieds et des mains. Sa terminaison inférieure s’ouvrait sur l’espace, et un long saut de côté était nécessaire pour atteindre une console de roc. Zurfluh, aidé par la corde, traverse la fissure ; il me dit alors qu’il pourra m’attraper et me tenir quand je sauterai en dehors. J’ai encore profondément gravé dans ma mémoire le souvenir d’avoir descendu la tissure, d’avoir avancé aussi bas et aussi loin que je le pouvais, d’avoir pu tout juste faire reposer la pointe de mon piolet sur une petite saillie, et là d’avoir porté tout mon poids dessus pour sauter à côté de Zurfluh. Un instant après il m embrassait les genoux avec une dévotion si enthousiaste que je me parus être un saint prophète jeté des splendeurs de