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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/56

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LE CERVIN

les guides revinrent sur les rochers où j’étais encore établi.

Pendant trois quarts d’heure nous examinâmes la pente sans pouvoir y découvrir un passage satisfaisant et des doutes désagréables commençaient à s’exprimer librement dans notre caravane quand un cri lointain, un jodel, vint attirer notre attention. Là-bas, au bas de la montagne, nous découvrîmes trois points que nous conjecturâmes avec raison devoir être Penhall et ses guides[1].

Nous perdîmes la demi-heure suivante à suivre alternativement leurs progrès ou à étudier notre pente. À la fin ils disparurent derrière un contrefort : cette excuse à notre retard s’étant évanouie, il fut décidé que nous aborderions la coupure pour examiner de plus près notre pente. Nous voici dans la brèche. Burgener et Petrus descendent le couloir et trouvent bientôt une voie pour gagner la face en question. En arrivant à ce point[2] quelques minutes plus tard je trouve Burgener et Petrus déjà en plein travail au-delà. Au bout de quelques minutes nous étions de nouveau sur l’arête. Après l’avoir

  1. Le même jour en effet, 3 septembre 1879, M. Penhall et ses guides réussirent à faire la première ascension du Cervin par la face Ouest ; ils aboutirent quelques heures après Mummery, comme on le verra plus loin, au haut de l’Arête de Zmutt d’où ils gagnèrent le sommet. La route qu’ils prirent en cette occasion, dit Sir Martin Conway (Climbers Guide to the Central Pennine Alps, London, 1890), « ne devra jamais être prise, excepté après une longue persistance du beau temps. Si les rochers sont verglassés, il est impossible de les escalader, et le retour est une opération extrêmement hasardeuse, car les pierres tombent de tous côtés ». M. Penhall a fait le récit de cette ascension dans l’Alpine Journal, IX, p. 449-58. — M. P.
  2. Ce point est situé, dans l’illustration ci-contre, juste au-delà de la dent rocheuse qui termine l’arête de neige. La route tourne alors à gauche dans le couloir, puis de nouveau atteint l’arête au-delà de la première marche à pic. Plus haut, près de l’endroit où l’arête se soude à la grande face Ouest — à la gauche de trois petites plaques de neige — la route tourne à droite, et la formidable face Ouest est suivie jusqu’à ce qu’il devienne possible de revenir en travers à la fin de l’Arête de Zmutt, que l’on suit alors jusqu’au sommet.