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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/82

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LE CERVIN

déjouer les Esprits malins. Quand nous fûmes dûment arrivés sur le Glacier de Furggen, Venetz émit un doute, à savoir si notre saint avait réellement gagné les cierges promis. Et voilà qu’il nous montre un petit collier qu’il porte et dans lequel se trouve ou une dent, ou un pouce, ou encore quelque pauvre débris d’un patron excessivement saint, et qui, il l’assure, est «capable », comme le dirait un joueur de cricket, « de rosser de sa batte tous les Esprits de Zermatt ». Burgener pourtant assura que dans un pareil marché, le meilleur plan était de payer, « surtout », ajouta-t-il, « quand il ne s’agit que de quelques francs». Si bien que nous acquittâmes régulièrement notre dette. Nous arrivâmes à Zermatt juste à temps pour la table d’hôte, après une journée variée du plus excitant intérêt.

Le jour suivant nous marchons et roulons en chemin de fer puis en voiture jusqu’à Chamonix. Nos esprits étaient encore préoccupés des diverses apparitions rencontrées la veille. Burgener, après une conversation prolongée avec le curé de Stalden, était arrivé à la conclusion que ni les cierges ni la relique de Venetz ne nous auraient protégés efficacement contre les Ames des Trépassés, et que, par conséquent, les apparitions que nous avions vues pouvaient bien ne pas avoir été des apparitions réelles et de bon aloi. Mon explication des feux-follets fut acceptée, et ceux-ci furent relégués au simple rang de phénomènes naturels. Mais il devenait moins facile de se débarrasser de la petite lumière du Glacier du Gorner. Burgener et Venetz pensaient que probablement quelque grosse pépite d’or avait vu l’occasion d’aller, près de ou sur le glacier, se « wachsen » se « grossir » d’autres parcelles ; et ils soutinrent leur théorie à l’aide des arguments les plus ingénieux. N’y