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Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/88

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LE COL DU LION

Quand je fus éveillé par la lumière éblouissante d’une mauvaise bougie, j’eus la sensation d’être en retard et ma montre me fit aussitôt part de la pénible réalité : il était onze heures. J’avale la tasse de thé apportée par le portier et je me précipite dans le vestibule ; j’y trouve Burgener dans l’état d’esprit d’un homme ensommeillé qui, depuis une heure et demie, est assis sur une chaise carrée. Il me dit tout de suite que, suivant lui, il était trop tard et que je ferais aussi bien de retourner à ce lit tant chéri. Pourtant, lorsque je lui eus exprimé ma contrition sincère et que je lui eus expliqué que mon retard provenait d’une erreur du portier, il consentit il oublier ce grave délit.

Le sac est promptement ajusté et nous voici sur le point de partir lorsque chacun demande où se trouve la corde. Burgener affirme que c’est moi qui dois l’avoir, alors que je suis également certain que nous la lui avons laissée. Nous regardons avec diligence dans le rez-de-chaussée de l’hôtel ; on ne la trouve nulle part ; à la vérité, si l’on en croit Burgener, nous aurions à la chercher dans les régions beaucoup plus basses de la cave ou de l’enfer. À la fin, en désespoir de cause, nous opérons une sortie pour tâcher de mendier, louer, ou acheter une corde à l’un ou l’autre des guides de Zermatt. Bien que nous soyons arrivés à amener aux fenêtres les plus diverses les têtes les plus variées, indignées sous leur bonnet de nuit, nous ne parvenons pas à trouver la moindre corde ; il n’était pas probable en effet qu’un guide de Zermatt voulût venir en aide à un braconnier de la Vallée de Saas. Nous retournons, inconsolables, à l’hôtel, et le portier terrifié de notre langage énergique et de nos mines furieuses nous produit une corde qu’un Monsieur confiant lui avait laissée pour la nuit. Nos cons-