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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/17

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dire tout bas « On ne devrait jamais endommager son fief. »

Mais il a péché lui-même par trop de modestie, et endommagé un fief bien plus beau, à mon sens, le jour qu’il a dit :

Mes premiers vers sont d’un enfant,
Les seconds d’un adolescent,
Les derniers à peine d’un homme.

Car, au contraire, si l’on consulte l’âge qu’il avait en écrivant ses poésies, on s’étonne de trouver toujours la maturité de son esprit en disproportion évidente avec le chiffre de ses années.

Comme son beau-père M. Guyot-Desherbiers, Victor de Musset faisait des vers pour son amusement. Il excellait surtout dans le genre burlesque. Il avait le tour d’esprit gai, la repartie prompte, et il savait quantité d’anecdotes qu’il racontait à merveille. Mais la plus précieuse de ses qualités était une chaleur de cœur qui l’a fait aimer de tous ceux qui l’ont connu ; aussi lorsqu’il rechercha la fille aînée de M. Desherbiers vit-il sa demande accueillie avec joie par toute la famille.

Un de ses amis, nommé Dufaut, peintre médiocre sorti de l’atelier de David, mais assez bon dessinateur, montra un jour un portrait au crayon noir de Victor de Musset au docteur Spurzheim en lui demandant ce qu’il pensait du modèle. Le célèbre phrénologue écrivit ces mots au bas du dessin « Bonum facile crederem, doctum libenter. » (Aisément je le croirais bon, et volontiers savant.)

Alfred de Musset, né à Paris, le 11 décembre 1810,