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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/216

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Prévannes.

Cela doit être fatigant.

La comtesse.

Que puis-je faire ? Attendrai-je un hasard, une éclaircie dans cette obscurité, et qu’une fantaisie lui prenne de me rappeler une parole donnée ? Il y avait encore pour ma terre de Cernay, pour des arrérages, je ne sais quoi, quelques petites difficultés. Elles sont résolues d’hier ; je viens d’en recevoir l’avis. Lui en parlerai-je la première ?

Prévannes.

Ma foi, oui. Si vous me consultez, ce serait ma façon de penser. Je connais Valbrun depuis l’enfance : c’est le plus honnête garçon du monde ; mais il ne fait jamais ce qu’il veut. Est-ce timidité, est-ce orgueil, est-ce seulement de la faiblesse ? C’est tout cela peut-être à la fois. Quand la timidité nous tient à la gorge, elle gâte tout, elle se mêle à tout, même aux choses qui semblent lui être le plus opposées. Voilà un homme qui vous aime, qui vous adore, j’en réponds ; il se battrait cent fois, il se jetterait au feu pour vous ; mais c’est une entreprise au-dessus de ses forces que de se décider à acheter un cheval, et, s’il entre dans un salon, il ne sait où poser son chapeau.

La comtesse.

Ne serait-il pas dangereux d’épouser ce caractère-là ?

Prévannes.

Point du tout, car ce n’est pas le vôtre. D’ailleurs, il