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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/295

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que moi, c’est-à-dire dans le même cas que ces courtisans qui, après avoir délibéré pendant trois jours à quel endroit ils couperaient le nez du Roi, décidèrent qu’il fallait le couper au premier endroit venu.

Coupez donc, monsieur, et biffez ce que bon vous semblera dans ce que je vous envoie. Vous finirez par prendre dans ces strophes la meilleure, qui est la vôtre ; et c’est mon avis que vous la choisissiez. Ne voyez, je vous prie, dans ce griffonnage, que le désir de vous être agréable ; je m’en tirerai peut-être mieux une autre fois, si vous vouliez bien me mettre à contribution quand je pourrai vous être bon à quelque chose.

Votre bien dévoué,
Alf. de Musset.
Mercredi.

Cette lettre sans date doit être de l’année 1835. M. Maxime Jaubert, conseiller à la cour de cassation, avait traduit en vers le livre de l’Ecclésiaste. Il pria Alfred de Musset de retoucher une strophe dont il n’était pas satisfait. On voit que l’auteur de la Nuit de mai lui renvoya trois versions différentes de la même pensée. Voici le texte latin des deux versets qui composaient cette strophe :

« Mitte panem tuum super transeuntes aquas : quia post tempora multa invenies illum.

« Da partes septem, necnon et octo : quia ignoras quid futurum sit mali super terram. »

Ecclésiaste, chapitre xi.