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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/153

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Octave.

Plus que jamais de vin de Chypre.]

Cœlio.

J’allais chez toi [quand je t’ai rencontré].

Octave.

Et moi aussi j’allais chez moi. Comment se porte ma maison ? Il y a huit jours que je ne l’ai vue.

Cœlio.

J’ai un service à te demander.

Octave.

Parle, Cœlio, mon cher enfant. Veux-tu de l’argent ? je n’en ai plus. [Veux-tu des conseils ? je suis ivre.] Veux-tu mon épée ? voilà une batte d’arlequin. Parle, parle, dispose de moi.

Cœlio.

Combien de temps cela durera-t-il ? Huit jours hors de chez toi ! Tu te tueras, Octave.

Octave.

Jamais de ma propre main, mon ami, jamais ; j’aimerais mieux mourir que d’attenter à mes jours.

Cœlio.

Et n’est-ce pas un suicide comme un autre, que la vie que tu mènes ?

Octave.

Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d’argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers