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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/259

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Le Prince, seul.

Aurais-je eu tort de l’aborder ? Il le fallait cependant, puisque j’ai le projet de la séduire sous mon habit supposé. Oui, j’ai bien fait de l’aborder. Cependant, elle m’a répondu d’une manière désagréable. Je n’aurais peut-être pas dû lui parler si vivement. Il le fallait pourtant bien, puisque mon mariage est presque assuré, et que je suis censé devoir supplanter Marinoni, qui me remplace. J’ai eu raison de lui parler vivement. Mais la réponse est désagréable. Aurait-elle un cœur dur et faux ? Il serait bon de sonder adroitement la chose.

Il sort.



Scène II

Une antichambre.
FANTASIO, couché sur un tapis.

Quel métier délicieux que celui de bouffon ! J’étais gris, je crois, hier soir, lorsque j’ai pris ce costume et que je me suis présenté au palais ; mais, en vérité, jamais la saine raison ne m’a rien inspiré qui valût cet acte de folie. J’arrive, et me voilà reçu, choyé, enregistré, et ce qu’il y a de mieux encore, oublié. Je vais et viens dans ce palais comme si je l’avais habité toute ma vie. Tout à l’heure, j’ai rencontré le roi ; il n’a pas même eu la curiosité de me regarder ; son bouffon