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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/267

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beaucoup de petites filles très bien élevées qui n’ont pas d’autres procédés que celui-là. Elles ont un petit ressort sous le bras gauche, un joli petit ressort en diamant fin, comme la montre d’un petit-maître. Le gouverneur ou la gouvernante fait jouer le ressort, et vous voyez aussitôt les lèvres s’ouvrir avec le sourire le plus gracieux ; une charmante cascatelle de paroles mielleuses sort avec le plus doux murmure, et toutes les convenances sociales, pareilles à des nymphes légères, se mettent aussitôt à dansoter sur la pointe du pied autour de la fontaine merveilleuse. Le prétendu ouvre des yeux ébahis ; l’assistance chuchote avec indulgence, et le père, rempli d’un secret contentement, regarde avec orgueil les boucles d’or de ses souliers.

Elsbeth.

Tu parais revenir volontiers sur de certains sujets. Dis-moi, bouffon, que t’ont donc fait ces pauvres jeunes filles, pour que tu en fasses si gaîment la satire ? Le respect d’aucun devoir ne peut-il trouver grâce devant toi ?

Fantasio.

Je respecte fort la laideur ; c’est pourquoi je me respecte moi-même si profondément.

Elsbeth.

Tu parais quelquefois en savoir plus que tu n’en dis. D’où viens-tu donc, et qui es-tu, pour que, depuis un jour que tu es ici, tu saches déjà pénétrer des mystères que les princes eux-mêmes ne soupçonneront