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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/333

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qui danse ; je n’y vois pas autre chose. Tu as raison de te faire religieuse.

Camille.

Vous me disiez non tout à l’heure.

Perdican.

Ai-je dit non ? Cela est possible.

Camille.

Ainsi vous me le conseillez ?

Perdican.

Ainsi tu ne crois à rien ?

Camille.

Lève la tête, Perdican ! quel est l’homme qui ne croit à rien ?

Perdican, se levant.

En voilà un ; je ne crois pas à la vie immortelle. —] Ma sœur chérie, les religieuses t’ont donné leur expérience ; mais, crois-moi, ce n’est pas la tienne ; tu ne mourras pas sans aimer.

Camille.

Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas. [Voilà mon amant.

Elle montre son crucifix.
Perdican.

Cet amant-là n’exclut pas les autres.

Camille.

Pour moi, du moins, il les exclura.] Ne souriez pas, Perdican ! Il y a dix ans que je ne vous ai vu, et je pars