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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/391

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Barberine

Je ne suis pas une Portia ; je ne me ferai pas une piqûre d’épingle pour prouver que je suis courageuse. Mais tu n’es pas non plus un Brutus, et tu n’as pas envie de tuer notre bon roi Mathias Corvin. Écoute, il n’y aura pas pour cela de grandes paroles, ni de serments, ni même besoin de me mettre à genoux. Tu as du chagrin. Viens près de moi ; voici ma main, — c’est le vrai chemin de mon cœur, et le tien y viendra si je l’appelle.

Ulric

Comme tu me le demandes naïvement, je te répondrai de même. Ton père n’était pas riche ; le mien l’était, mais il a dissipé ses biens. Nous voilà tous deux, mariés bien jeunes, et nous possédons de grands titres, mais bien peu avec. Je me chagrine de n’avoir pas de quoi te rendre heureuse et riche, comme Dieu t’a rendue bonne et belle. Notre revenu est si médiocre ! et cependant je ne veux pas l’augmenter en laissant pâtir nos fermiers. Ils ne payeront jamais, de mon vivant, plus qu’ils ne payaient à mon père. Je pense à me mettre au service du Roi, et à aller à la cour.

Barberine

C’est en effet un bon parti à prendre. Le Roi n’a jamais mal reçu un gentilhomme de mérite ; la fortune ne se fait point attendre de lui quand on te ressemble.