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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/438

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Va, Kalékairi, va, ma chère, et n’aie pas peur.

Kalékairi sort.
Rosemberg

Vous me pénétrez de reconnaissance. À vous dire vrai, en venant chez vous, je ne craignais que d’être importun, et je courrais grand risque de le devenir si je laissais parler mon cœur.

Barberine, à part.

Parler son cœur ! déjà ! quel langage !

Haut.

Soyez assuré, seigneur Rosemberg, que vous ne me gênez pas du tout ; car cette liberté que je vous offre m’est fort nécessaire à moi-même, et je vous la donne pour en user aussi.

Rosemberg

Cela s’entend, je connais les convenances, et je sais quels devoirs impose votre rang. Une châtelaine est reine chez elle, et vous l’êtes deux fois, madame, par la noblesse et par la beauté.

Barberine

Ce n’est pas cela. C’est que dans ce moment-ci nous sommes en train de faire la vendange.

Rosemberg

Oui, vraiment, j’ai vu en passant sur ces collines quantité de paysans. Cela ressemble à une fête, et vous recevez sans doute, à cette occasion, les hommages de vos vassaux. Ils doivent être heureux, puisqu’ils vous appartiennent.